Orchestrebis Stéphanie Padel, violon Peter Csaba © Blaise Adilon
 

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Une âme allemande

L'orchestre du CNSMD, avec Peter Csaba à la direction et Stéphanie Padel, 3e cycle Artist Diploma au violon, donnent un programme axé sur le répertoire allemand du XIXe, illustré par deux grands noms : Schumann et Mendelssohn.

Vendredi 24 octobre

19h19

Orchestre du CNSMD de Lyon
Peter Csaba, direction
Stéphanie Padel, violon et 3e cycle Artist Diploma

Théâtre Astrée
Campus Lyon Tech – La Doua
6 avenue Gaston Berger
69100 Villeurbanne
entrée libre

Ce programme axé sur le répertoire allemand du XIXe, s’illustre par deux grands noms :

Robert Schumann (1810-1856)
Concerto pour violon en ré mineur

Felix Mendelssohn (1809-1847)
Symphonie en la majeur n°4 op. 90, dite « italienne »

Le Concerto pour violon (1853)

Rarement interprété, longtemps étouffé par la légende qui le voulait injouable et entouré de curieuses tentatives d’interprétation, le Concerto pour violon de Schumann donna du fil à retordre à plus d’un.
Il fut écrit lors d’une période de frénésie créatrice, alors que son auteur, interprète des états sublimes de l’âme et du cœur, s’enfonce peu à peu dans l’anéantissement de ses forces mentales et vitales…
Joseph Joachim, violoniste le plus accompli de sa génération, refusera de créer ce concerto qu’il a inspiré, dérouté par la difficulté de la partition. Retiré dès lors du catalogue des œuvres du compositeur, l’ouvrage sera légué à la bibliothèque de l’Etat prussien, à Berlin, avec l’interdiction de le publier avant le centenaire de la mort de l’auteur en 1956.
Or, la petite nièce de Joachim, Jelly d’Aranyi, violoniste de talent, prétendit en 1933 avoir communiqué dans des séances de spiritisme avec Schumann et Joachim, qui lui enjoignirent de créer le concerto, ce qui fut prévu à l’automne 1937. Toutefois, la hiérarchie nazie prit l’affaire en main, refusant que le concerto soit créé par la juive et anglaise d’Aranyi et encore moins par un autre violoniste d’alors, le tout jeune Yehudi Menuhin. Ce fut donc un « aryen », Georg Kulenkampff, qui le 19 octobre 1933 créa le concerto, revisité anonymement par Hindemith, alors que d’Aranyi le donnait le lendemain, et Menuhin en novembre aux Etats-Unis, avec accompagnement de piano.
Toutefois, l’histoire retiendra surtout que c’est Menuhin qui enregistra la première version intégrale fidèle au manuscrit. Celle de Kulenkampff, acclamée par la critique et la propagande nazie, créée en présence de Joseph Goebbels, mais revisitée par le violoniste et sans les tuttis, est plus ou moins tombée dans l’oubli en dépit de la qualité du soliste.

Si la réception du concerto a été influencée par la biographie de son créateur, au point que l’on ait voulu y voir l’une de ses œuvres les plus noires, il faut surtout retenir que cet ouvrage caractéristique du « style tardif » de Schumann est une très belle page écrite par un homme abîmé certes, mais plus que jamais pénétré de la quête d’un idéal musical et continuant à marquer son passage par une prodigieuse et puissante créativité.
Cette œuvre — qui d’un côté rappelle Schubert par la présence obsessionnelle des thèmes, et de l’autre annonce l’expressionnisme — exige une forte personnalité de la part du soliste, empreinte d’humilité, car au lieu de céder à la mode de la virtuosité à tout va, Schumann l’oriente vers son monde intime et complexe. Ce concerto qui ne pouvait ressembler à nul autre, réclame donc de la part de ses interprètes d’embrasser des chemins inhabituels.
Pour aider le public à en saisir l’essentiel, le CNSMD a confié la mission de revisiter cette œuvre à Stéphanie Padel, étudiante en 3e cycle Artist Diploma.

La Symphonie en la majeur n°4 op. 90 dite « l’Italienne » (1833)

En contrepoint, la Symphonie n°4 en la majeur, brillante et joyeuse, invite à découvrir les paysages musicaux que Mendelssohn, autre compositeur exceptionnellement doué, a ramené d’un pèlerinage en Italie à l’âge de 20 ans.
Au début du XIXe siècle, l’Italie est considérée comme la détentrice d’un idéal artistique, fruit d’une tradition remontant à la Renaissance, voire à l’Antiquité romaine. C’est également une destination privilégiée pour les âmes romantiques en quête de paysages  sublimes et de riches terroirs. Suivant l’exemple de Goethe, nombreux sont les artistes européens qui mettent à profit leurs voyages pour y chercher des modèles artistiques et y puiser l’inspiration.
Mendelssohn est de ceux-là. Il rencontre durant son parcours, Berlioz, Chopin, Meyerbeer et Liszt, avec lesquels il se lie d’amitié et tombe immédiatement amoureux de cette terre radicalement différente de tout ce qu’il a vu jusqu’alors.
Ce chef-d’œuvre des débuts du romantisme qui rencontra un grand succès dès sa création, reste l’un des ouvrages des plus appréciés du compositeur ; sans doute grâce à la vitalité méditerranéenne et aux contrastes colorés dont il fait preuve et qui lui donnent un éclat incomparable.

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