Lundi 25 novembre
20:00 -
Loft Goethe-Institut
18, rue François Dauphin
Lyon 2e
04 72 77 08 88
Gratuit
Johannes Brahms
An ein Veilchen op. 49 n°2 (Hölty)
Chloé Jacob, soprano / Rodolphe Lospied, piano
Intermezzo op. 117 n°1
Peng Lv, piano
Phänomen (duo), op. 61 n° 3 (Goethe)
Chloé Jacob, soprano / Imanol Iraola, baryton / Mathilde Claude, piano
Es schauen die Blumen, op. 96 n°3 (Heine)
Julien Henric, ténor / Mathilde Claude, piano
Intermezzo, op. 117 n°2
Peng Lv, piano
Der Tod das ist die Kühle Nacht, op. 96 n°1 (Heine)
Julien Henric, ténor / Mathilde Claude, piano
Meerfahrt, op. 96 n°4 (Heine)
Imanol Iraola, baryton / Timothée Hudrisier, piano
Es rauschet das Wasser (duo), op. 28 n°3 (Goethe)
Leire Viscarret, mezzo-soprano / Imanol Iraola, baryton / Mathilde Claude, piano
Wir wandelten, op. 96 n°2 (Daumer)
Julien Henric, ténor / Mathilde Claude, piano
Intermezzo, op. 117 n° 3
Edward Creed, piano
Immer leiser, op. 105 n°2 (Groth)
Leire Viscarret, mezzo-soprano / Mathilde Claude, piano
Sapphische Ode, op. 94 n°4 (H. Schmidt)
Imanol Iraola, baryton / Timothée Hudrisier, piano
Vergebliches Ständchen, op. 84 n°4 (chant populaire)
Chloé Jacob, soprano / Rodolphe Lospied, piano
Deux lieder avec alto, op. 91 : Gestillte Sehnsucht (Rückert) – Geistliches Wiegenlied (Geibel)
Claire Antoine, mezzo-soprano / Elise Vaschalde, alto / Rodolphe Lospied, piano
Klavierstücke, op. 118 n°1 et 2
Antonin Vinour, piano
Liebesliederwalzer op. 52 n°1-8 (Daumer) et Lerchengesang, op. 70 n°2 (Candidus)
Imanol Iraola, baryton / Timothée Hudrisier, piano
Geheimnis, op. 71 n°3 (Candidus)
Amandine Ammirati, soprano / Louise Ory, piano
Klavierstücke op. 118 n°3 & 4
Fanny Bracco, piano
Wie bist du, meine Königin, op. 32 n°9 (Daumer)
Iannis Gaussin, ténor / Xinhui Wang, piano
Klavierstücke, op. 118 n°5 & 6
Shoma Oto, piano
Unbewegte, laue Luft op. 57 n°8 (Daumer)
Elodie Bou, soprano / Louise Ory, piano
Klavierstücke op. 119 n°1, 2, 3
Minhee Won, piano
Ständchen, op. 106 n° 1 (Kugler)
Iannis Gaussin, ténor / Xinhui Wang, piano
Klavierstücke, op. 119 n° 4
Alexandre Rose, piano
Liebesliederwalzer op. 52 n°9 -18
Xinhui Wang- Yuki Ito (1-8) / Louise Ory – Ivan Foucher (9-18), piano
Elodie Bou, soprano / Claire Antoine, mezzo-soprano
Hanlun Li, ténor / Martin Queval, baryton-basse
Nathan Magrecki, étudiant du département de culture musicale
Singulier programme que celui de ces deux concerts « Voix de l’intime », qui réunissent des corpus que tout semble opposer. D’un côté, les nombreux opus consacrés au genre du lied, abondamment pratiqué par Johannes Brahms tout au long de sa vie : 33 recueils, soit près de 190 lieder, entre 1853 et 1896. De l’autre, un ensemble de brèves pièces pour piano, les opus 117 à 119, composées entre 1892 et 1893, et qui, par leur épure saisissante, sont le reflet de l’ultime maturité du compositeur.
Nombreux sont pourtant les points de jonction entre ces deux jalons essentiels de la production brahmsienne. La diversité des effectifs, des dispositifs instrumentaux et vocaux convoqués est ainsi particulièrement frappante : alliance traditionnelle de la voix seule et du piano ; duos vocaux des opus 28 et 61 ; tendre dialogue de l’alto et de la voix dans l’opus 91 ; effectif quasi orchestral — quatre voix mixtes et piano à quatre mains — des Liebesliederwalzer, op. 52. Voix réelle — celle du chanteur ou de la chanteuse — et voix « figurée » — celle des instruments dont le discours ne saurait, a priori, porter le sens d’un texte — semblent donc s’unir dans un geste commun, dans une même intention expressive. Comme une ultime manifestation de cette union, Brahms inscrit en tête du premier Intermezzo de l’opus 117 l’incipit d’une berceuse écossaise extraite du Stimmen des Volker in Liedern (1775) de Johann Gottfried Herder (1744-1803), dont la prosodie correspond parfaitement au rythme du thème initial. Faut-il y voir une subtile suggestion au pianiste de se faire, au moins métaphoriquement, le chantre de ces vers ancestraux ? Quoiqu’il en soit, la ductilité des thèmes brahmsiens est telle que les répertoires vocaux et instrumentaux s’interpénètrent sans heurts. Le thème du mouvement lent du second Concerto pour piano, op. 83, est ainsi remployé dans le lied « Immer leise », extrait de l’opus 105.
Plus encore, les lieder, comme les pièces pour piano, reflètent les préoccupations du compositeur et partagent des thématiques communes. L’intérêt de Brahms pour la musique ancienne transparaît ainsi dans les arpèges brisés de l’Intermezzo, op. 117, n°3, lointaine réminiscence du style luthé des Pièces de clavecin de François Couperin, qu’il édite en 1871. Sa profonde connaissance de la musique allemande des XVIIe et XVIIIe siècles (en premier lieu Johann Sebastian Bach, mais aussi les prédécesseurs de ce dernier : Samuel Scheit, Johann Hermann Schein, Heinrich Schütz ou encore Dietrich Buxtehude) se traduit par l’impressionnante construction contrapuntique du canon [1] à l’octave de l’Intermezzo, op. 118, n°4, et par la citation d’un choral [2] du temps de Noël datant du XVIe siècle dans le Geistliches Wiegenlied de l’opus 91.
De même, le thème du sommeil, incontournable chez un compositeur connu pour sa célèbre Berceuse (Wiegenlied, op. 49, n°4), irrigue bien des pages brahmsiennes, telles les deux Wiegenlied de l’opus 91, ou encore Der Tod, das ist die kühle Nacht (La mort est la froide nuit), op. 96, n°1, qui présente le trépas comme un éternel et nocturne repos. À l’inverse, une évocation d’un ton populaire (Tonkunst) fantasmé, mâtiné d’impétuosité romantique transparaît dans l’Intermezzo, op. 117, n°3, dans la Ballade, op. 118, n°3, ou encore dans la Rhapsodie, op. 119, n°4. Au ton épique de ces véritables ballades nordiques répond l’atmosphère plus apaisée des lieder An ein Veilchen, op. 49, n°22, ou Ständchen, op. 106, n°1, marqués par le thème éminemment romantique de communion panthéiste avec la nature.
Enfin, lieder et pièces pianistiques de la dernière maturité brahmsienne semblent déployer la même intimité de ton, peignant tantôt de grandes fresques colorées pleine de vigueur et de chaleur, et tantôt se livrant à voix basse aux plus douces confidences. Si le compositeur estimait, à propos de ses derniers cycles pianistiques, qu’« un seul auditeur [était] de trop » pour les écouter, il y a fort à parier qu’avec ces deux concerts, le délicat entremêlement de ces deux « voix de l’intime » ravira plus d’une oreille attentive.
Dans le cadre de Mehr Licht, salon de lumière
et du Festival Brahms, chemins nouveaux