DUVERGER-Florent

Saison passées | saison 2015 - 2016

Récital de master de
Florent Duverger, percussions

Épreuves publiques de fin de cycles

Jeudi 30 juin
14:00 -



Gratuit

Vous êtes un désordre.

Cela fait bientôt une heure que je cherche une photo de moi à mettre dans ce programme. Celle qui sera la plus réussie, qui représentera le mieux qui je suis. Et puis finalement, j’ai décidé de vous mettre cette photo à la place. Elle s’appelle Elle Fanning, elle a 18 ans, elle est américaine, elle est actrice et égérie pour des grandes marques de mode. Bienvenue dans le merveilleux monde du Star System hollywoodien. Quel est le rapport avec moi me direz-vous ? Absolument aucun. Mais quitte à mettre une photo pour égayer la présentation, autant choisir quelque chose d’agréable à regarder. Et puis, ce n’est pas plus un mensonge que de vous exposer mon vrai visage. Les photos sont incapables de saisir la vérité des choses. Leur éritable beauté. La beauté. Voilà une notion tout à fait subjective. Elle est le thème principal de The Neon Demon, le nouveau film de Nicolas Winding Refn dans lequel cette actrice tiens le rôle principal. Mais attendez, pourquoi je vous parle de ça déjà ? Je reprend depuis le début. Je m’appelle Florent Duverger, j’ai 24 ans, et voilà arrivé le moment tant fantasmé et redouté de mon récital de fin d’études. Je suis déjà en retard pour rendre ce programme que vous ne prendrez peut-être même pas la peine de lire, et je n’ai absolument aucune idée de ce que j’ai envie d’y mettre. J’ai l’impression que tout ceci n’est qu’un gaspillage de papier…Je pourrais vous parler de mon parcours mais cela n’a pas vraiment d’intérêt. Je pourrais vous parler de ce qu’il va  se passer au cours de mon récital mais j’ai horreur de gâcher les surprises. Les oeuvres qui vont être jouées ? Vraiment ? C’est ça qui vous intéresse ? Pour moi, la seule chose qui compte, c’est l’émotion qui va circuler entre vous et moi pendant l’heure que nous allons passer ensemble. Aujourd’hui est la synthèse de nombreux jours de préparation : mes prises de tête, mes journées passer à roder dans les couloirs du bâtiment Ardèche sans parvenir à jouer une seule note, mes crises d’angoisses, ces moments où l’on a envie de tout arrêter. A quoi bon. On pourrait juste se laisser tomber par terre et attendre. Et puis des fois, un miracle arrive. On assiste à quelque chose qui nous fascine à un tel point que l’on se dit que finalement ça valait la peine d’avoir vécu jusque là. Pour moi ça a été The Neon Demon. Voilà pourquoi je vous parle de ça, parce que sans lui je ne serais probablement pas devant vous aujourd’hui. Je ne saurais pas vous dire pourquoi car ce film est raté à bien des égards. Mais ses trips psychédéliques, son jusqu’au-boutisme formel, son obsession pour la féminité, son imprévisibilité, sa façon de lancer une multitude de pistes sans les exploiter, et sa fin à la fois cruelle et jubilatoire m’ont fait quitter la salle dans un quasi état d’euphorie. Mon master sera sans doute raté, et ça n’a rien de grave. Tout ce que j’espère c’est qu’il ne vous laissera pas indifférent. Qu’il vous plaise, que vous le détestiez, qu’il vous agace, que vous le trouviez particulièrement immature, pas abouti, fou, triste, révoltant, inégal, prétentieux, de mauvais goût… Tant qu’il vous fait ressentir quelque chose à l’intérieur de vous, que ce soit positif ou négatif, pour moi ce sera déjà grand.

Avec la participation de Aurore Bassez (percussions), Léna Pinon-Lang (danse contemporaine), Eléonore Pinet-Bodin (danse contemporaine), Chandra Grangean (danse contemporaine), Jazz Barbé (danse contemporaine), Alexandre Nadra (danse contemporaine), Baptiste Rulhmann (percussions), Adrien Trybucki (composition).