A-Blanc-Verdin

Saison passées | saison 2015 - 2016

Récital master de Anaëlle Blanc, violon baroque

Épreuves publiques de fin de cycles Musique ancienne

Vendredi 17 juin
11:30 - Temple Lanterne
10 rue Lanterne
Lyon

Gratuit

Avec la participation de Mathieu Valfré (clavecin, orgue), Flore Seube (viole de gambe), François Cardey (cornet à bouquin), Sarah Dubus (cornet à bouquin), Aude Walker-Viry
(violoncelle baroque), Camille Joutard (chant), Xavier Sichel (violon baroque), Mathilde Mugot (orgue)

Le programme de ce récital fait écho à mon mémoire de recherche sur la notation musicale. J’ai voulu proposer l’exploration de différentes « écritures », dans la polysémie du terme : compositionnelle et scripturale. Les partitions des œuvres présentées ici sont donc de diverses natures.
Nasce la mia pena, de Johann Schop, se situe dans sa composition entre la diminution écrite (ici sur le madrigal d’Alessandro Striggio) et la sonate. En effet, quelques changements dans la basse du madrigal, ainsi que la variété et la virtuosité développée dans la partie de violon tendent à rapprocher cette oeuvre d’un style bien plus tardif que celui de la diminution. Leopold Mozart évoquera même certains de ces éléments en 1756 (Boyden,1990, The History of Violin Playing from Its Origins to 1761, Oxford University Press), commentant notamment la difficulté de certains trilles.
La sonate de Castello, dans l’édition de 1644 (Venise) dite « à caractères mobiles », met en évidence certaines spécificités de la lecture sur partitions anciennes. Dans l’extrait ci dessous, les traits rouges ajoutés sous les notes représentent tout trois la durée d’une blanche.

Castello
On comprend aisément que l’oeil doit ajuster sa vitesse de suivi de l’axe temporel : dans cette ligne, l’oeil pour permettre au musicien une interprétation à tempo constant, doit lire la durée de blanche correspondante au deuxième trait six fois plus vite que celle correspondant au premier trait. Et celle correspondant au troisième trait, environ douze fois plus vite.
Cette nécessaire adaptation de l’oeil est également présente, bien que largement estompée, dans les éditions modernes.
La cantate de Buxtehude trouve son originalité dans l’utilisation sobre du chant, alors que l’écriture des parties de viole et de violon rappelle ses sonates en trio. L’écriture graphique, alphabétique et musicale, trouve une dimension symbolique dans des éléments tels que l’entrée du chant sur l’arrivée d’une subdivision ternaire (parfaite) sur les paroles « Gen Himmel », vers mon père, vers le ciel.
Les deux mouvements d’ « assagio » de Roman, avec leur caractère improvisé, serviront aujourd’hui de prélude à la sonate de Veracini. Ici le jeu sur manuscrit encourage
l’appropriation d’un discours qui rappelle la fixation d’une improvisation et la pratique du prélude improvisé.

En m’intéressant à la partition en tant qu’objet visuel (la sémiographie de la notation musicale) et à sa relation au sonore, il m’a paru nécessaire de rendre conscient l’aspect motivé des signes (c’est-à-dire leur ressemblance plus ou moins grande avec le signe sonore qu’ils rendent visuel), ce qui trouve également une large résonance dans mon activité de pédagogue.
C’est notamment à ce titre que la sonate de Veracini, et l’explicitation des signes non conventionnels qui y sont utilisés, m’ont interrogée de manière spécifique En effet, les signes de crescendo, decrescendo ou mezza di voce sur une seule note me semblent particulièrement instinctifs : le son s’épaissit, s’affine ou s’enfle, en même temps que le signe visuel, et la représentation qui est faite de son évolution paraît relativement ressembler à l’effet sonore. Ils côtoient des signes « arbitraires », sans ressemblance directe avec le signe sonore, présents également dans l’explication :

Veracini

La partition, si multiforme dans les musiques dites « anciennes », devient donc à de multiples niveaux porteuse de sens et de suggestions pour le musicien en recherche dont l’interprétation historiquement informée sera alors, par cette réflexion particulière sur les sources, rendue actuelle, sensible et personnelle.

Johann Schop (ca. 1590 – 1667) : Nasce la mia pena – madrigal d’Alessandro Striggio
Dario Castello (ca.1590 — ca.1658) : Sonata decima settima a 4 in ecco
John Jenkins (1592-1678) : Fantaisie en ré m pour violon, viole de gambe, orgue
Heinrich Biber (1644-1704) : Sonata II
Dietrich Buxtehude (ca.1637-1707) : Gen himmel zu mein Vater sein (BuxWV 32)
Johan Helmich Roman (1694-1758) : Assagio (BeRi310)
Grave
[Sans indication]
Francesco Maria Veracini (1690-1768) : Sonate V, opus 1, sonates académiques
Adagio assai
Capriccio – allegro assai
Allegro assai
Giga

Anaëlle Blanc commence ses études de violon au Conservatoire à Rayonnement Régional de Poitiers dans la classe de Claire Rapin, où elle obtient son DEM en 2010. Parallèlement, elle suit un cursus de musicologie puis obtient en 2011 un Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant au CFMI de Poitiers. Elle poursuit ensuite sa formation en chant lyrique, violon et violon baroque au CRR de Bordeaux tout en enrichissant son expérience de pédagogue.
Convaincue de l’enrichissement mutuel des activités d’enseignant et d’interprète, elle s’attache à aller à la rencontre de publics variés, conservant toujours, en parallèle de ses études, ses activités professionnelles d’enseignante et d’interprète.
Passionnée dès sa rencontre avec ces répertoires par les musiques anciennes, elle intègre en 2012 la classe de violon d’Odile Edouard au Conservatoire National Supérieur Musique et Danse de Lyon.
Anaëlle Blanc-Verdin s’est également perfectionné dans des stages et master-class auprès de musiciens d’horizons divers tels Jean-Jacques Kantorow, Dominique Pifarély, Amandine Beyer, et se produit avec différents ensembles baroques tels l’ Ensemble Baroque Atlantique, le concert de l’Hostel Dieu, Concerto Soave, l’Indiscrète, Les Surprises… Elle poursuit actuellement ses études au sein de la Formation Diplômante au Certificat d’Aptitude au CNSMD de Lyon.