chant:piano©B.Adilon

Saison passées | saison 2017 - 2018

Paysage musical et poétique lyonnais au temps de la Grande Guerre

PianoVoix, lyrique et chœurs

Lundi 11 décembre
20:00 - Salle d'ensemble
3, quai Chauveau
Lyon 9e

Gratuit

Classes de chant et d’accompagnement au piano

Quentin Desgeorges, ténor
Laurène Huet, mezzo-soprano
Morgane Boudeville, soprano
Pauline Loncelle, soprano
Roxane Gentil & Justine Eckhaut, piano
Claire Laplace, culture musicale

Fabrice Boulanger, préparation musicale

Programme

Élégie sur un arbre – Louis Mercier – Poèmes de la tranchée
Georges Martin Witkovski / Louis Mercier
Paysage rêvé
Georges Martin Witkovski / Comtesse de Noailles
Extrait des huit mélodies posthumes « Le bonheur d’aimer « 

Réminiscence – Louis Mercier – Poèmes de la tranchée
Georges Martin Witkovski / Comtesse de Noailles
Extrait des huit mélodies posthumes « O, mon ami , souffrez…»

Georges Martin Witkovski / Comtesse de Noailles
Extrait des huit mélodies posthumes « Quand ce soir tu t’endormiras »

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Prière pour l’absente – Louis Mercier – Prières de la tranchée
Antoine Mariotte – Fernand Gregh – Intimités – Berceuse
Antoine Mariotte – Fernand Gregh – Intimités « Si je t’aime »
Antoine Mariotte – Fernand Gregh – Intimités – Menuet

Prière contre les tentations des souvenirs – Louis Mercier – Prières de la tranchée
Antoine Mariotte – André Dumas – Le vieux chemin
Édouard Commette – Joseph Biliet – « Si vous vouliez »

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Jour d’hiver – Louis Mercier – Poèmes de la tranchée
Charles-Marie Widor – Paul Bourget – Repos éternel
Charles-Marie Widor – Paul Bourget – Silence ineffable de l’heure

Prière du matin – Louis Mercier – Prières de la tranchée
Charles-Marie Widor – Paul Bourget – La mer
Valentin Neuville – ? – Spectres

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Littérature – Louis Mercier – Poèmes de la tranchée
Pierre-Octave Ferroud – Pierre-Jean Toulet – Le manège
Pierre-Octave Ferroud - René Kerdyk – À contre-cœur – Théo

Prière pour les cuistots – Louis Mercier – Prières de la tranchée
Pierre-Octave Ferroud - Jean Cocteau – À contre-cœur – Odile
Pierre-Octave Ferroud - Franck Nohain – À contre-cœur – Sollicitude

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Nocturne – Louis Mercier – Poèmes de la tranchée
Charles-Marie Widor – Augustin Dorchain – Nocturne

Note de programme

Par Claire Laplace, étudiante du département de culture musicale

Paysage musical lyonnais au temps de la Grande guerre
Maire de Lyon entre 1905 et 1957, Édouard Herriot, a laissé de puissantes empreintes sur sa ville. Son ambition première : faire grandir le dynamisme de Lyon sur le plan économique et accroître son rayonnement : « J’ai tenté, écrivait-il, d’accroître les puissances de Lyon, matérielles ou spirituelles. Car je professe qu’un homme public digne de ce nom est celui qui accroît la richesse de la collectivité dont il a la garde. »

À Lyon, entre 1900 et 1950, les sociétés musicales sont nombreuses, avec un pic d’activité durant l’Entre-deux-guerres. En 1935, on compte jusqu’à 90 sociétés musicales (fanfares, chorales, amicales diverses). Les Lyonnais trouvent dans ces associations le moyen de se retrouver entre amis, de décompresser, de sociabiliser, et de se former à la musique. Ces associations sont surveillées par la préfecture de police qui demande à chacune d’entre elles la liste des morceaux étudiés et joués et en élimine s’ils sont jugés subversifs politiquement ou moralement.
Jusqu’à la fin de la Grande Guerre, Édouard Herriot finance au coup par coup les sociétés musicales et concentre les moyens sur les plus importantes, qui programment des évènements d’envergure nationale. Puis, après la Guerre de 1914-1918, la Municipalité étoffe son budget dédié aux associations, et en finance un grand nombre, allant des associations d’anciens combattants et mutilés de guerre au regroupement de dentistes. Les sociétés musicales vont bénéficier de ces subventions et être intégrées aux politiques de soutien à la vie culturelle lyonnaise à partir de 1920. Le but principal de ce financement pour Édouard Herriot est la démocratisation de la culture musicale et l’éducation à la musique des jeunes Lyonnais.

En 1911, Claude Debussy rendait hommage à Georges Martin Witkowski (1867-1953) dans un article consacré à la décentralisation de la musique, qui mena, toute sa carrière durant, une grande action pour la vie musicale lyonnaise.  Witkowski, installé définitivement à Lyon depuis 1896, cartographe et photographe de l’état-major, entreprend de créer à Lyon une chorale sur le modèle de la Schola cantorum fondée à Paris en 1896 par Charles Bordes, Vincent D’Indy et Alexandre Guilmant. Cette chorale lyonnaise donne son premier concert officiel le 29 avril 1903, dirigée par Bordes, car la fonction militaire de Witkowski le lui interdit. Il crée aussi l’orchestre des Grands Concerts en 1905, et il est à l’origine de la création de la salle Rameau - inaugurée en 1907 elle fut la première salle en France conçue et bâtie pour la musique. Il permit à la ville de disposer d’un vivier d’interprètes de qualité, formés pour donner en concert les grandes œuvres du répertoire (Bach, Beethoven, Wagner) ainsi que les créations contemporaines (Ravel, Chabrier, Duparc, Ropartz, … et de nombreux autres).
Malgré ses nombreuses activités, Witkowski ne s’arrêta jamais de composer, il laisse plus de quatre vingt partitions, dont une vingtaine que l’on peut considérer comme importantes. Son œuvre lyrique puise son inspiration dans la contemplation de la nature.
Il met en musique plusieurs poèmes de Louis Mercier (1871-1951), lui-même journaliste et grand ami du critique Louis Aguettant — commentateur de la vie musicale lyonnaise jusqu’en 1931 — avec qui il partage une correspondance riche de plus de trois cent lettres. Ce méditatif avait le goût des grandes compositions symboliques, dans des textes inspirées par la nature et la vie rustique de sa terre natale du Forez, mais aussi une sensibilité aux sujets religieux.
Compositeur et chef de premier plan dans le paysage musical lyonnais, Georges Martin Witkowski se fait également l’élément unificateur des artistes lyonnais de sa génération. Il donne notamment l’occasion à ses collègues de faire entendre leur musique dans un cadre privilégié : ainsi de Charles-Marie Widor, compositeur et organiste (né à Lyon, il avait fait ses études au lycée Ampère avant d’étudier en Belgique puis de s’installer à Paris), dont il dirige la création lyonnaise de sa Troisième Symphonie, à la Société des grands concerts, ou encore d’Antoine Mariotte dont de nombreuses œuvres seront également créées par la Société des Grands Concerts. Fondée en 1905, cette Société gère un orchestre d’environ quatre-vingt musiciens, jetant les bases de ce qui deviendra l’Orchestre national de Lyon. Entre 1906 et 1943, Georges Martin Witkowski aura dirigé l’orchestre pour 245 concerts dominicaux, dont plus de cent avec chœurs. De 1924 à 1941, il est également directeur du Conservatoire, succédant à Florent Schmitt.

Entre 1900 et 1950, les sociétés musicales sont nombreuses à Lyon, avec un pic d’activité durant l’Entre-deux-guerres. En 1935, on compte jusqu’à 90 sociétés musicales (fanfares, chorales, amicales diverses). Les Lyonnais trouvent dans ces associations le moyen de se retrouver entre amis, de décompresser, de sociabiliser, et de se former à la musique. ces associations sont surveillées par la préfecture de police qui demande à chacune d’entre elles la liste des morceaux étudiés et joués, et en élimine s’ils sont jugés subversifs politiquement ou moralement.
Jusqu’à la fin de la Grande Guerre, Édouard Herriot finance au coup par coup les sociétés musicales, et concentre les moyens sur les plus importantes, qui programment des évènements d’envergure nationale. Puis, après la Guerre de 1914-1918, la Municipalité étoffe son budget dédié aux associations, et en finance un grand nombre, allant des associations d’anciens combattants et mutilés de guerre au regroupement de dentistes. Les sociétés musicales vont bénéficier de ces subventions et être intégrées aux politiques de soutien à la vie culturelle lyonnaise à partir de 1920. Le but principal de ce financement pour Edouard Herriot est la démocratisation de la culture musicale et l’éducation à la musique des jeunes Lyonnais.

Nombre des compositeurs lyonnais de ce début de siècle sont avant tout des virtuoses : si Widor est le plus célèbre d’entre eux – c’est lui qui inaugure en Décembre 1880 l’orgue Cavaillé-Coll de l’Eglise Saint-François de Lyon -, Antoine Mariotte (son collègue à la Schola Cantorum), Valentin Neuville et son élève Edouard Commette ont également mené une brillante carrière d’organiste, parallèlement à leur activité de composition. Pierre-Octave Ferroud, élève de Commette et de Witkowski disparu prématurément, se révèle un pianiste virtuose. Ce double statut de claviériste et de compositeur, qu’ils partagent tous, transparaît notamment dans le genre de la mélodie où le rôle du piano est révélateur de chacun de leurs esthétiques.
Ce répertoire riche et fécond est donc nourri de la vie intellectuelle lyonnaise du début du XXe siècle, où ont lieu de nombreux concerts assurés par les grands noms de la scène contemporaine, qui résonnent avec les créations littéraires des écrivains comme Victor Hugo, Anna de Noailles, Théodore de Banville, ou Louis Mercier.

En résonance avec l’exposition de la Bibliothèque municipale de Lyon
Et dans le cadre du Centenaire de la Paix